Ma mère me dit sans cesse que tout ce que je fais la fatigue.
Et oui, parfois moi aussi je suis fatiguée. Mais le plus souvent, je suis énergisée par les activités multiples qui s’enchaînent au fil de ma journée, ma semaine, mon mois.
Impossible de calculer le nombre de fois où j’ai entendu ce conseil: » Concentre-toi sur une chose, ne te disperse pas: tu vas diluer tes forces. Choisis un (métier / objectif / projet / cheval de bataille) , et quand tu as obtenu le résultat souhaité, tu peux passer à autre chose. »
Une partie de moi considérait cette injonction comme sensée, raisonnable, justifiée. Alors j’ai essayé de m’y conformer. Et lamentablement échoué! Je me suis jugée incapable de m’investir pleinement ou sur la durée, incapable de mener à terme les élans qui me traversent, incapable de faire, être et agir comme je devrais.
Depuis quelques temps, je n’essaie plus: j’embrasse qui je suis, comment je fonctionne et me laisse suivre le chemin le plus épanouissant pour moi. Je m’engage dans de multiples aventures et je m’éclate! Je nourris ma diversité d’intérêts et de facettes, qui me fait passer des talons aiguilles aux chaussures de marche, du tailleur au pantalon de yoga, de l’hôtel 5 étoiles au bivouac. Et je me sens bien!
Vu de l’extérieur, il peut s’en dégager une impression de dispersion, de confusion qui ne mène nulle part. Pourtant, depuis l’intérieur, plus je suis mon instinct de diversité, plus le lien qui les unit se fait visible, tangible, évident. Plus le sens émerge. C’est génial à observer!
Le fameux « Rule of One » nous vient de l’ancien paradigme, qui reste le plus courant actuellement. Dans ce paradigme, on fait (1) pour avoir (2) pour finalement être (3). L’exemple le plus classique? Travailler dur (1) pour s’acheter une maison (2) et être heureux (3). C’est le modèle sur lequel est basé toute la société de consommation. C’est également le modèle sur lequel sont basées la quasi totalité de nos entreprises. Il est imprégné de contrôle, de prévisions, de rigidité. Vouloir à tout prix décider à l’avance le chemin à emprunter et ne jamais s’en écarter est exactement ce qu’on impose aux chevaux avec les oeillères. C’était une manière efficace d’avancer dans un monde prévisible.
Aujourd’hui, la complexité nous demande de quitter le mode linéaire séquentiel pour plonger dans le mode neuronal en réseau. Les injonctions récurrentes faites au entreprises, compétences requises pour rester dans la course? Agilité, innovation, flexibilité, créativité, réactivité. L’entreprise n’étant rien d’autres qu’un collectif d’individus oeuvrant à un but commun, ce sont ces mêmes compétences qui sont attendues des personnes.
Ces besoins me paraissent bien incompatibles avec le « Rule of One ». Pas vous?
Les entreprises de demain n’ont d’autre choix que de modéliser les systèmes vivants, incarnations de la complexité et exemples parfaits de fluidité, adaptabilité instantanée, agilité extrême, créativité infinie, innovation perpétuelle. Cela implique une transformation profonde de leur organisation et fonctionnement. Dans un jeu d’effets de miroirs, cette transformation ne peut se faire que parallèlement à une transformation fondamentale des humains. Le processus est en cours, avec de plus en plus de personnes qui fonctionnent dans le nouveau paradigme.
Basé sur la physique quantique, le nouveau paradigme nous apprend que tout est vibration. Il s’agit dès lors d’être (1- vibration), ce qui va modifier le champ et permettre l’émergence de synchronicités. En les saisissant (2- actions), les potentiels se concrétisent et transforment notre réalité tangible (3- avoirs).
Il s’agit d’une véritable danse avec la vie comme partenaire. Comment suivre le mouvement en étant rigide ou contrôlant? Comment avoir la souplesse et fluidité nécessaire en fonctionnant comme une machine? Personnellement, je ne vois pas de solution viable en avançant avec des oeillères.