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L’élasticité du temps

Le temps n’est pas réel. 

Quoi? 

On fait tous semblant que le temps objectif existe, on apprend à nos enfants à le mesurer et on passe une portion non négligeable de notre vie à courir après. Et pourtant, le temps linéaire, la seconde telle que rythmée par la trotteuse n’existe pas.

Tu le sais bien. On le sait tous. Ou plutôt, on l’expérimente tous. La minute d’extase sous la douche chaude est bien plus courte que la minute d’angoisse à attendre un verdict. Une heure de balade en humant la forêt n’a pas la même durée qu’une heure dans les embouteillages.

Le temps n’est pas réel, il est uniquement perçu. On a beau tous, sans exception, le savoir dans notre expérience, notre mental a la fâcheuse habitude de l’oublier. Et on le croit…

Plus on est en retard, plus on essaie de se dépêcher. Mais d’abord, que signifie « en retard »? C’est notre interprétation que le temps à disposition, le nombre de minutes, heures ou jours, le temps linéaire dont on dispose ne suffira pas. Sauf qu’on vient de voir qu’il n’existe pas, ce fameux temps objectif! Mais dans notre stress, on oublie qu’il n’existe pas, on croit dur comme fer à sa réalité et à son emprise sur notre vie, alors on court, on se dépêche, on accélère le rythme, on zappe la pause de midi, on rentre plus tard, on commence plus tôt, on fonce. Droit dans le mur.

Et si on utilisait cette élasticité du temps, au lieu de la subir?

Ah oui, sympa, mais comment?

En ralentissant.

Ralentir, alors qu’il y a tout ça à faire, à boucler, à rendre, à créer, avant la fin du mois, la fin de la semaine, ce soir, hier? Mais ça va pas la tête?

Oui, ralentir. Parce que le présent ne peut pas se vivre en courant avec un oeil sur l’avenir et l’autre sur la montre. Et vivre dans le présent est la clé pour suspendre le temps. Vivre l’instant présent est le chemin et la destination.

En ralentissant, tu récupères ta capacité à innover, trouver des solutions, percevoir les liens et les possibles, écouter (et suivre!) ton intuition. Tu récupères ces capacités à un niveau fondamental: ton cortex frontal – siège de l’empathie et du langage, de la planification, la coopération et la compassion, des processus logiques, d’apprentissage et d’intelligence, de la raison, la conscience et la perception – peut à nouveau fonctionner.

Quand tu cours après le temps, ton cerveau passe d’humain à reptilien. Les fonctions neurologiques supérieures du cortex sont court-circuitées sous l’effet du stress, et tu enclenches les modes automatiques du cerveau reptilien axé sur la survie. Alors certes, c’est bien de survivre, mais si on se contente de survivre, qu’advient-il de notre humanité?

Ralentir te fait gagner du temps parce qu’il te permet d’accéder à ton super ordinateur frontal qui recèle un pouvoir illimité. Et si tu profites de ce ralentissement pour méditer, tu actives tes ondes cérébrales gamma. Le temps peut alors littéralement se replier sur lui-même et ton niveau de créativité, d’intégration et de conscience accrue permet de capter et créer en instantané. C’est comme si tu recevais une baguette magique.

Alors la prochaine fois que tu sens la pression du temps monter, tu choisis d’expérimenter une nouvelle approche? Au lieu de courir de plus en plus vite, tu fais un pas de côté, respires, ralentis ton rythme cardiaque et tes actions, laisses le calme se faire à l’intérieur de toi et ton cortex prendre le relais. Qui sait comment cette nouvelle posture peut transformer tes résultats?

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