Un voyage, c’est un peu comme avoir un enfant. On a plein de belles idées avant, mais ça ne se passe pas du tout comme imaginé… Je ne sous-entends pas un instant que ça se passe mal – ni le voyage ni les enfants – simplement que le rêve diffère de la réalité.
C’est peut-être là un des intérêts de voyager: apprendre à lâcher nos idées toutes faites sans aucune déception, s’ouvrir à être surpris et content à la fois, accepter de ne pas tout maîtriser et trouver que c’est parfait comme ça!
Je suis en voyage en famille au Vietnam, et avant notre départ, je m’étais imaginée avec enthousiasme filmer de petites vidéos quotidiennes, ou pour le moins régulières, et les publier sur ma page pro Facebook. Je me voyais faire quelques pas en solitaire dans un magnifique paysage verdoyant, et enregistrer l’inspiration du jour sur fond de rizière ou plage paradisiaque. Résultat: à plus de la moitié du voyage, mon compteur de vidéo affiche toujours zéro, et je sais maintenant qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin. A cela, plusieurs raisons qui m’ont livré leurs trésors.
La solitude et le silence. J’aime être seule. Depuis 11 jours, c’est le premier moment que je passe seule. J’aime aussi être avec ma famille ou des amis, mais je me rends compte plus que jamais auparavant comme j’ai besoin d’être seule. Entourée de monde, c’est sympa, mais il n’y a pas de place pour la réflexion méditative sur un sujet. Après un temps d’adaptation, je me glisse à nouveau dans les habitudes de « small talk », ce babillage qui n’a d’autre ambition que de remplir le silence de futilités.
J’aime me promener seule le matin. J’aime avoir du temps pour penser, me nourrir l’âme et l’esprit, me laisser inspirer des idées. J’aime le calme de la maison vide une fois mari et enfants partis le matin. J’ai besoin de silence et de solitude. Ils m’offrent des moments de vie éveillée.
La liberté. Nous voyageons à 6 sur 3 générations, et jusqu’à ce jour, nous avons été accompagnés d’un guide. Cela garantit un confort, une efficacité et plein d’informations difficiles à atteindre en découvrant ce genre de pays seuls. De toutes manières, comme il n’est pas possible de louer une voiture sans chauffeur (vu les règles de circulation en vigueur c’est effectivement mieux comme ça…) et que les chauffeurs ne parlent généralement que vietnamien, le guide s’impose.
Pourtant, dans le luxe d’un voyage sur mesure organisé pour notre petit groupe familial, je me sens par moments emprisonnée. J’aime, surtout en vacances, être libre de me réveiller quand je n’ai plus sommeil, manger quand j’ai faim, m’arrêter quand quelque chose accroche mon regard, adapter les activités aux envies du moment. J’aime me sentir libre. Et pas seulement en vacances d’ailleurs!
Les rituels. Les vacances et les voyages sont faits pour rompre les habitudes. J’ai donc, par choix, par nécessité ou par flemme, interrompu mes rituels quotidiens. Je ne fais plus de promenade méditative. Je ne consacre plus les 30 premières minutes de ma journée à une lecture inspirante. Je ne fais pas de yoga. Je ne célèbre pas consciemment tout ce qui me remplit de gratitude. Je ne dépose pas mes intentions quotidiennes sur papier. Je ne participe plus au thé virtuel et quotidien avec un petit groupe d’amies coachs, moments magiques et nourrissants.
Et je me rends compte que du coup, mon inspiration est quasi nulle. C’est comme si j’enfilais une vieille robe et me retrouvais déguisée en la Joëlle d’avant. Celle qui ne sait pas quoi dire et se considère comme inintéressante. Celle qui ne vit pas pleinement chaque jour avec conscience et joie, mais regarde passer sa vie à se demander quand elle commencera à la vivre.
Voyager, c’est partir à la découverte du monde, mais c’est surtout et toujours aussi partir à la découverte de soi. Merci à toi, Vietnam, de me faire voir si clairement ces valeurs qui sont miennes, ces pièces indispensables au puzzle de mon équilibre et mon bonheur.
Et vous, qu’est-ce qui nourrit votre bonheur?